Les mémoires d'une Kneazle

Chapitre 1


Lorsque je suis née dans une petite ferme, non loin de Godric's Hollow, j'imagine aisément ce qui me valut d'être abandonnée par ma mère. C'était une chatte bien comme il faut et sans être de haut lignage, elle avait un charme et une distinction qui l'avait faite remarquer. D'elle, je n'ai rien gardé ou reçu, mais j'avais déjà toutes les caractéristiques physiques de mon père : un mauvais pelage gris, un corps famélique, de lourds yeux jaunes, un squelette curieusement puissant et cette aura qualifiée soit de mystérieuse, soit de terrifiante par le bon peuple. Mon père, Mister Griffaigüe, fut un chat digne de son appartenance, je crois, car il me faut vous dire que je ne connais de lui que son nom et les quelques rumeurs qui s'y attachent encore. Être de la descendance des premiers kneazle n'est pas rien et il en avait une conscience particulière et forte. De fait, bien qu'ayant consentie à ses avances, ma mère ne daigna pas être la nourricière d'une pareille engeance. C'est donc livrée aux caprices du monde que j'aurais pu mourir de faim d'abord et de froid ensuite si une vieille dans sa myopie ne m'avait pas confondue avec un bébé chaton ordinaire. Je me souviens encore du lait aigrelet qu'elle me fit avaler par urgence et de toute l'attention désastreuse qu'elle eue pour moi. Non que la bonne femme fut mauvaise ou dure mais simple sans aucun doute et inapte à élever quoi que ce soit, fut-ce un chaton kneazle affamé et transi. Toujours est-il que je survécus à ce primal abandon et devint adulte et ma propre maîtresse. Quant à mon nom, Miss Teigne, il me vient de cette prime jeunesse, quand les enfants d'un village voisin terrifiés par mon apparence se la firent expliquer par cette maladie de peau que je n'ai jamais pourtant eu : La Teigne. Je l'ai gardé en moi jusqu'à ce que la voix d'un humain puisse le prononcer pour moi et ainsi me faire connaître au monde.

Sachant ce que je savais de moi, je ne pus demeurer là où le destin m'avait fait accosté. Je suis une descendante prestigieuse quoique mon apparence ne parle guère en ma faveur. J'entrepris donc dès que cela fut possible de me trouver une situation plus en rapport avec les capacités, héritage paternel, qui faisaient de moi cet être unique bien que détestable. Peur, méfiance, rejet, je n'ai guère connu la chaleur et l'affection mais finalement qui s'en souci puisque moi-même je n'en ai que faire. Par contre, il me fallait trouver quelque emploi pour m'occuper et un sorcier pour m'attacher. Vous qui me lisez maintenant devez désormais me prendre pour une illuminée. Vous ne croyez guère plus en la sorcellerie qu'en un chat qui n'en soit pas un. Pourtant c'est bien ainsi que les choses sont et toute la magie du monde ne pourrait rien y changer. J'affirme qu'une partie de la population, la plus secrète et la plus anormale, appartient au monde des sorciers et les kneazles de tous temps n'ont su être heureux que dans cette partie du monde. C'est donc pour cela que j'ai avec détermination pris le chemin des caves, des buis et autres traverses à la recherche du sorcier adéquate. C'est que ce n'est pas dans les fêtes de village, ni même dans les rassemblements courant que je me risquais à les trouver. Je savais pas expérience que me montrer à la lumière n'était guère plus prudent que d'attendre le train patiemment couchée sur les voies. Du temps et de la patience voilà tout ce qu'il me fallait pour m'accomplir totalement.

Voilà quelques temps déjà que je parcourrais le pays dans ma quête du sorcier quand il me vint à l'idée d'atteindre la grande ville. Je ne fus pas déçue, Londres est un terrain de vie absolument fascinant. Dans les ruelles étroites, je trouvais de la plus grande des misères humaines jusqu'aux plus inextricables complots. Le monde des sorciers était en ébullition mais rien de ce qui était alors ne me concernait vraiment. J'étais tellement obnubilée par le besoin pressant de le découvrir que je ne prenais part à aucun combat. Ce mois là, une lutte opposa pourtant deux factions du monde sorcier. D'un coté, un mage noir et son cortège de déments tuant les sorciers récalcitrants. De l'autre, une poignée de puissants freinés par la crainte de faire plus que se défendre. Jusqu'à ce jour où inexplicablement un enfant survécut emportant avec lui la puissance du grand mage noir. Le deuil et les jugements fleurissaient aux 4 coins de la ville mais c'était là pour moi une excellente façon de rencontrer un maximum de spécimens. Pourtant du plus riche au plus puissant aucun de ceux que j'approchais ne convenait à ma nature. Le destin avait-il vu périr celui qui m'était destiné ? J'en vins à douter même de mon héritage génétique. Après tout un mariage kneazle / félin domestique peut donner naissance aussi facilement à un chaton commun qu'à un demi-sang mais beaucoup plus rarement à un kneazle pur. Il faut pour ce dernier cas que seul le patrimoine du kneazle se transmette au chaton. C'était mon cas et je devais donc trouver à qui m'attacher enfin. Il ne pouvait vraiment pas en être autrement et dans mon découragement, je trouvais encore la force de me traîner en de nouveaux lieux secrets.

Un an plus tard, un reste de curiosité me poussa vers un endroit un peu plus mal famé encore qu'à mon habitude. Le pub où je m'étais conduite s'appelait le Chaudron Baveur et je savais par des sources bien renseignées que s'y trouvaient réunis toutes les heures de la journée de nombreux sorciers et sorcières de petites réputations. L'entrée me fut facile tellement les clients et le patron n'étaient intéressés que d'eux même. D'ailleurs j'avais moins de risque dans un tel endroit d'être lapidée que dans l'une des auberges du monde humain classique. Il y avait dans l'odeur enfumée et graisseuse une collection impressionnante de petites gens, de semi-monstres et d'êtres de la nuit. Il m'était assez amusant de savoir que parmi les sorciers de bonne réputation et respectables se cachaient aussi nombre d'adeptes de la magie noire, obligés en la circonstance à faire profil bas. Je demeurais quelques temps à l'endroit avant d'entendre parler de l'école de magie. C'est un curieux personnage qui vint à en faire confidence. Le professeur Sybille Trelawney devait en effet rejoindre les effectifs professoraux de l'établissement et par son indiscrétion, j'appris tout de la manière pour m'y rendre. Ce personnage là ne convenait pas à ma recherche mais l'idée que des sorciers encore inconnus de moi s'y trouvaient me donna l'idée de me rendre à cette fameuse école. Je m'y apprêtais donc attendant patiemment que fut venue l'heure du départ du Poudlard Express de la gare de King's Cross. Le seul et unique moyen pour qui ne vole pas de rejoindre l'école de magie. J'étais d'ailleurs bien décidée à demeurer tranquillement au sein de la mystérieuse et grouillante population du Chaudron Baveur tant que la date ne serait pas venue mais une petite aventure vint contrarier ma détente.

Un petit bonhomme, peu recommandable au demeurant, se mit à fréquenter de plus en plus régulièrement l'établissement. De ces petits yeux chafouins, je le sentais régulièrement m'observer dans le noir. De tout cela rien de bon ne pouvait arriver et je me méfiais assez pour éviter de m'en approcher ne fusse qu'un peu. Le sorcier néanmoins ne se lassa pas de son petit jeu d'observation et un matin où je cherchais encore à échapper à son regard, je me vis à 2 empans de moustaches de me faire prendre au piège par un triste individu de ses complices bien certainement. Un bond instinctif me permit d'échapper à la cage et une fuite éperdue m'entraîna par delà le mur de la cour, ouvert pour l'occasion, à travers les étales et échoppes d'un quartier commerçant sorcier : Le Chemin de Traverse. A ma suite, courraient le chafouin et son acolyte. Furieux ou jouasses, les badauds s'arrêtaient pour mater la poursuite. Un coup de filet, un sort, un flot d'injures, le bonhomme, qui je l'appris plus tard n'était autre que le propriétaire de la ménagerie magique, s'ingéniait à tenter de me capturer pour m'ajouter à sa collection de bestioles dociles. Qui sait ce qu'il serait alors advenu de moi car qui aurait voulu adopter une telle furie ? Au détour d'une ruelle, la chance ou le destin vinrent à mon aide. J'évitais de justesse une troupe de gobelins afférés pour me percher à l'abri d'une vieille cheminée en ruine. Mes poursuivants eurent moins de chance et dans un choc terrible tout le monde se retrouva à terre. J'assistais par la suite à la débandade de mes tristes chasseurs sous les huées et autres gestes de colère des gobelins hors d'eux-mêmes. C'est que c'est dangereux un gobelin que l'on dérange en pleine affaire !.

J'évitais par la suite soigneusement de retourner au Chaudron Baveux et me nourrit durant quelques temps des restes de quelques petites vieilles du quartier. Puis vint enfin l'heure du départ. Je pris le chemin de la gare cherchant prudemment à ne point trop m'y faire remarquée. De chariots en bagages, j'avançais avec l'extrême précaution que me dictait mes récentes mésaventures. Enfin, je fus en place au bout du quai n°9. Il me fallait désormais attendre la venue d'un hôte complaisant. Seul les sorciers peuvent passer sur le quai n°9-3/4 et c'est de ce quai que part le Poudlard Express. Une famille de rouquins approchait qui me paru devoir faire des passeurs commodes. La mère tremblait de crainte ou d'excitation. Son mari s'assurait vivement qu'aucun d'eux n'attirait l'attention. Un de leur fils se préparait visiblement à rejoindre l'école de sorcellerie, les autres, trop jeunes ne feraient que lui dire au revoir. Sans hésitation, je m'installais entre deux bagages au moment même où le chariot entrait dans le mur. J'étais passée et le spectacle pris une allure curieuse d'ancienne époque. L'odeur du charbon, le son grinçant des rouages, les allures démodés des passagers me ramenaient vers une époque que je n'avais pourtant pas connue en cette vie. Je ne pouvais néanmoins laisser ma surprise me faire prendre. D'un bond vif, je m'éloignais de mes passeurs et prenais place en lieu sûr dans le wagon des bagages. Le voyage pouvait commencer puisque j'étais embarquée.




Chapitre 2


Le voyage ne fut ni aussi long, ni aussi difficile que je me l'imaginais. Il régnait dans le train une ambiance bonne enfant un peu voilée par la série d'événements tragiques mais débordantes de l'énergie que les jeunes ne peuvent jamais parfaitement maîtriser. Les théories les plus extravagantes circulaient parmi les élèves. Les discussions devenaient parfois murmures quand l'un ou l'autre évoquait le coté le plus sombre de la magie. Mais les avis sur les professeurs et le personnel enseignant étaient celles qui m'intéressaient le plus. Je découvrais des portraits terrifiants, respectables, redoutables ou détestés, fais d'anecdotes et de on-dit. Le Directeur par exemple imposait le plus grand des respects et les élèves l'estimaient le plus grands de tous les sorciers existants. La rumeur faisait par contre un portrait des plus noirs et des plus antipathiques du professeur de potions. Les avis du professeur de métamorphose étaient respectés bien que la plupart des élèves avouaient leur manque de don en la matière. Les professeurs botanique, divination et sortilège excitaient autant les moqueries que les loyautés. Bref s'informer n'était guère un problème, ce qui l'était c'était de séparer le bon grain de l'ivraie.

Enfin, le sifflet appuyé de la locomotive signifia à tous le fin du voyage ou le début, tout est une question de point de vue mais pour moi, il s'agissait surtout de me trouver rapidement un ticket d'entrée pour le grand manoir dont les tours éclairées déchiraient le voile sombre du ciel nocturne au loin. Un lac luisant d'encre et de lune et un sous bois touffu séparaient la gare de l'école. Au loin quelques lumières faibles semblaient indiquer un village ou une petite bourgade. J'étais là à penser à mon prochain transport tout en analysant l'environnement quand le chariot des caisses et valises s'arrêta à un empan de moi. Un bagage mal fermé était une occasion en or et sans me faire prier, je pris mes aises en poussant libéralement les affaires de ma victime en dehors du sac. J'étais peut être une clandestine mais je n'aurais pas aimé voyager sans le moindre confort. De plus, j'étais quasiment certaine que les bagages ne seraient pas laissés en chemin. Ainsi que prévu, je fus donc emportée secrètement vers la destination désirée sans chahut ni ballottage dans le confort d'un pull-over moelleux et doux. J'étais si bien que j'avoue avoir même pris le temps de faire un léger somme ce qui n'est guère dans mes habitudes. Les élèves, eux, avaient disparus depuis longtemps emportés par des embarquements magiques par delà le lac et les bois.

A peine débarquée de mon bagage à moitié vidé, qui s'était magiquement déposé là où son propriétaire devait l'y retrouver, j'entrepris de prendre la poudre d'escampette. La porte étant close, il m'eût fallu trouver un autre salut si la bonne dame du tableau n'avait pas été aussi férue des kneazles et de leurs descendants. Quelques âmes passèrent en me jaugeant sévèrement comme étonnées de tant d'impudence mais je préférais tout bonnement les ignorer. Les morts ne m'intéressent pas, on ne peut ni les traquer, ni les débusquer. Dans un hall immense, des escaliers s'obstinaient avec régularité à modifier le chemin des salles. Sans effort, je ne pris pas la peine de passer par les marches et en quelques bonds, rejoignis une nouvelle section. J'étais étonnée de voir que le lieu n'était encore la possession d'aucun de mes congénères. L'endroit était-il moins accueillant qu'il n'en avait l'air ou aucun d'entre eux n'avait jamais eu vent de son existence ? Au haut d'une tour, j'entendais ululer le service postal ailé et quelques chants de loups égayaient un peu le morne silence de la nuit. Dans les couloirs froids, uniquement agité des soubresauts de quelques tableaux agités, je me sentais bien plus seule encore que je ne l'avais été jusqu'ici. C'est ce lourd sentiment d'être dans l'inconnu qui nous plonge dans la nostalgie. A ce moment là même la présence de l'affreux propriétaire de la ménagerie magique m'aurait fait plaisir. Aussi pour ne pas prolonger mon état par trop sentimental, je m'installais confortablement pour attendre le matin et de nouvelles découvertes.

Au matin l'opacité de mon âme étant devenue normale, je pris mon plaisir dans le chapardage de quelques nourritures distraitement négligées par des élèves encore endormis avant de repartir en mission d'exploration. Un premier cours devait avoir lieu dans les caveaux et suivant avec discrétion les élèves peu motivés, j'obtins une place de choix entre les bocaux d'un lourd bahut de chêne terni et couvert de poussière. Les discussions maussades rendaient compte du peu d'enthousiasme des élèves à rencontrer leur nouveau professeur de potion. Je perçus son arrivée bien avant les chenapans bavards et c'est avec délectation que j'assistais à la déconfiture des plus bravaches, remis en place en 2 ou 3 mots cinglants. Mon rouquin semblait encore moins à l'aise que les autres. L'antipathie suintait littéralement de son jeune corps et je voyais en lui le combat faire rage entre le respect du à son aîné et la haine qu'il en éprouvait. Au final, l'enfant du se rendre sous les assauts d'ironie et de sarcasme de ce Rogue qui en définitive me plaisait plutôt à moi. Je pense qu'il savait que j'étais présente mais il n'en a rien dit, bien plus préoccuper par sa tâche d'enseignement. Etonnant de voir cet homme distribuer la rancœur et le dégoût avec autant de largesse tout en faisant par ailleurs preuve d'un réel désir de partager sa connaissance. Enfin, il y avait ce coté obscure, cette marque noire autour de son aura. Intéressant personnage véritablement mais peut-être un peu trop confus pour m'être attaché.

Les élèves devait commencer leur enseignement par la réalisation d'une potion somme toute assez simple (d'après le professeur). Sur un claquement sec, la liste des ingrédients étaient apparus sur le noir tableau. Certains d'entre eux m'auraient fait un dessert de choix mais je ne voulais pas interrompre une scène aussi jouissive. Sur les premiers rangs, les jeunes sorciers s'agitaient fébrilement essayant vainement de bien faire mais sursautant violemment à chaque mouvement furtif de Rogue. A l'arrière, les élèves les moins doués ou les moins assidus jetaient sans conviction les ingrédients dans leurs chaudrons. Une jeune élève pour le moins étourdie vit son chaudron fondre en un instant. Sans le moindre mot, le professeur la dota immédiatement d'un devoir supplémentaire à rendre. Curieusement, le rouquin semblait s'en sortir raisonnablement. La couleur du mélange aurait du certes être moins accentué mais il était visible que la potion sans avoir sa pleine puissance, devait déjà avoir un effet non négligeable. N'eusse été sa haine perceptible, il aurait sans doute reçu sinon l'accolade mais au moins un silence satisfaisant du professeur, mais ces deux là semblaient déjà à quoi s'en tenir l'un et l'autre et dans un grand fracas de chaudron, le jeune Bill Weasley, puisque c'était le nom de mon rouquin, vit son bon travail remplacé dans l'ironie par un long devoir punitif.

Curieux de voir comment les humains, sorcier ou non, laissent trop souvent leurs sentiments prendre le pas sur la raison au risque de multiplier les problèmes. L'aventure à laquelle, je venais d'assister était de celles-là. L'avantage est certain quand on possède ainsi que moi la capacité à juger des âmes et des sentiments. Il est ainsi plus simple d'éviter de se mettre dans de bien vilains draps. Je pris le temps de m'attarder un peu après le départ des élèves. Les voir s'enfuirent avec dextérité malgré l'abattement du à la masse de devoirs reçus m'amusa réellement. Restée seule avec le professeur Rogue, je l'observa remettre d'un coup de baguette la classe en ordre. Un regret glacial semblait hanter les lieux et leur occupant. Précis et nettes, il se mit à la préparation de plusieurs breuvages aux reflets inquiétants. De temps à autre, il jetait un regard acéré vers l'endroit où je m'étais installée. Il ne cherchait pas à me déloger, m'acceptant certainement pour ce que je suis et ce que je ne suis pas. Un kneazle a bien des dons mais ne peux dire ou révéler quoique ce soit par la voix. A la fin, il referma la partie laboratoire du caveau et s'en partit sans faire plus attention à moi. Ce n'était pas encore le bon sorcier pour moi et je crois que je le regrettais un peu. Sa manière autoritaire et dure d'être en son domaine éveillait des échos dans la froide détermination de mon esprit.

Suivant l'ombre rageuse et indifférente, je revins à la surface. Des élèves surpris et effrayés par ma triste apparence prirent la fuite tandis que nonchalante je me mettais en quête d'un autre sorcier.




Chapitre 3


Ma seconde excursion en salle de classe me mena vers un personnage qui m’intéressait en dépit même du fait qu’il me serait impossible de m’y attacher. J’avais entendu dire du professeur Minerva McGonagall, qu’elle faisait partie des rares sorciers dit animagi. Autrement dit, qu’elle possèdait la capacité incroyable de se transformer au détail près en un animal sans perdre aucune de ses capacités de réflexion et d’analyse. Dans son cas, l’animal était un chat tigré de taille moyenne qui ne conservait de son état humain qu’un marquage très distinctif en forme de lunettes carrés. Si ce fait revêt une telle importance pour moi, c’est parce que les animagus félin sont au kneazel ce que Salazar Serpentard est à ses descendants : un ancêtre génant et respecté, craint et honnis, adoré et hai. C’est ce détail aussi qui explique qu’aucun animagus n’ait jamais réussi à s’attacher un kneazel : malgré eux, ils savent.

Tout cela est bien beau mais vous vous demandez sans doute ce que sont les kneazles finalement ? Et plus encore vous ne comprenez pas quel rapport, il peut exister entre moi et le professeur McGonagall. Je m'en vais vous le conter sans trop tarder car ce sont là mes origines et les sources d’un secret bien gardé.

Par définition, un kneazle est une créature féline possédant un don d'empathie hors du commun. Autrement dit, nous sommes dans cette capacité de ressentir l'âme mieux que tout autre chose en ce monde. Remarquez que rien dans cette définition ne s'inquiète de notre apparence. Ce que l'on peut en dire c'est que tous les kneazles ou apparentés kneazle possède une aura caractéristique. Les gens nous recherchent ou nous fuient mais nul ne nous reste indifférent. Certains d'entre nous sont d'inappréciables compagnons pour de grands aurores et autres sorciers avec lesquels, ils lient le plus souvent un lien mental puissant. Les sorciers expliquent maladroitement notre existence par le métissage d'un grand chat sauvage, ancêtre du chat sauvage à longue queue de Pennsylvanie avec une créature disparue : l'Oréade des forêts.

Or, les Oréades des forêts n'ont jamais existées ! Il n'y a pas un kneazel qui ne sache la vérité à ce sujet.

Notre véritable histoire remonte à une époque reculée et sombre où les sorciers n’étaient pas comme aujourd’hui parvenus à se créer un monde hors d’atteinte de l’humanité. Beaucoup d’entre-eux tombaient, et combien d’innocents avec eux, sous les assauts des fanatismes religieux. Quiconque était soupçonné, succombait bientôt dans d’horribles et terrifiantes souffrances. L’Angleterre comme tous les autres pays pliait sous le joux des hommes de pouvoir, tous riches, tous fanatiques. Malgré tout, les grandes familles de sorciers avaient su se prémunir suffisamment pour assurer leur sécurité par une position aisée dans la société. Personne n’aurait osé accuser un proche conseiller du roi ou la reine elle-même d’être hérétiques et c’est ainsi que tous vivaient dans un anonymat protéger par le bouclier du titre.

Une époque vint cependant où chacun apprit à vivre chez lui et à ne point s’occuper des affaires de son voisin. C’est ainsi que dans une illustre famille écossaise naquît Sir William DUNDEE, doté de bien curieuses capacités et bien décidé à les faire fructifier sans prendre garde aux conséquences. Sir William DUNDEE est, en effet, le premier sorcier animagus de l’histoire. Sa transformation, qui contrairement aux vampires ou aux loup-garous était volontaire et contrôlable, l’amena dans les premiers temps à devenir un animal hybride entre homme et chat puis avec l’expérience un chat sauvage à dents de sabre, un smilodon. Il était alors doté d’un pelage curieusement cuivré. Sous cette apparence, il se mit à terroriser littéralement la contrée qui devint en quelques années maudites et se vida de ses habitants. Les autorités religieuses tentèrent bien de rendre sa paix aux pays mais curieusement tout ceux qu’ils envoyèrent en mission de purification moururent égorgés sans jamais avoir découvert l’impie. Esseulés et incapable de faire face aux pouvoirs de leur fils, les châtelains eux-même quittèrent les lieux en emmenant leur 3 autres enfants. Sir William DUNDEE était désormais le seul maitre de son royaume et pouvait pousser chaque jour ses pouvoirs encore plus loin et devenir égal à nul autre.

Quelques années passèrent et la solitude devenant pressante, Sir William cessa tout de bon de chasser sur ses terres sous sa forme animal. Au contraire, il prit soin de rester toujours hors de vue lorsqu’il prenait cette apparence. On dit aussi qu’il avait tant appris qu’il pouvait devenir à son gré guépard géant, lynx d'Issoire, smilodon ou encore felis silvestris. Les temps passant, les histoires devinrent des légendes, les légendes devinrent des mythes et la vie reprit ses droits. Les villages se reconstruirent, les habitants revinrent et l’on oublia le monstre qui avait jadis existé. Un seigneur de guerre, veuf de surcroît, s’installa à quelques lieues de l’ancien domaine. Il était d’une grande sagesse et veillait jalousement sur sa fille, prénommée Minerve. Elle était plus belle encore que sa mère qui avait été de mémoire de vivant la plus belle des femmes du royaume. Sa peau était si pure et ses cheveux si blond qu’on eut pu la croire lunaire. Mais elle était aussi triste et pleine d’amertume depuis la mort brutale de sa mère. Pour cela, son père était bien décidé à ne laisser aucun mauvais sir l‘approcher.

Apprenant la nouvelle installation, Sir William DUNDEE se présenta en bon voisin pour faire connaissance. Sa richesse lui permettant toutes les folies, il arriva fort bien mis et dans le luxe. L’ensemble était sans doute criard et tapageur mais il fut reçu dans le respect des règles de bienséance et de courtoisie. Le seigneur se senti dès lors fort mal à l’aise et ne put apprécier la compagnie de Sir William. Il prétexta donc une indisposition pour éviter de présenter sa fille. Sans se courroucer, Sir William pris de bonne grâce les regrets de son hôte et promis de revenir en d’autres heures plus clémentes. Pourtant à chaque visite, Minerve lui resta cachée et son père prétexta alors d’une santé tellement mauvaise que selon ses dires, elle risquait bien de ne pas passer le prochain anniversaire.

Cependant, Sir William DUNDEE n’était pas dupe des mensonges de l’homme et sa curiosité le poussa rapidement à chercher un moyen détourné de rencontrer celle qui lui était refusée. L’obstination du père à protéger sa fille n’avait fait qu’accroître les désirs du sorcier. Habilement, celui-ci fit livrer pour l’anniversaire de Minerve un panier contenant un cadeau qui répéta le messager devait rapidement lui faire recouvrer la santé. Ne voyant pas de raison de refuser, son père le fit porter à Minerve qui découvrit dans le panier le plus adorable des félins qui soient. C’était un chat, de bonne taille comme le serait un maincoon de nos jours, avec un pelage doux et cuivré. Elle l’adopta immédiatement et s’en fut, heureuse, le montrer à son père. Celui-ci était heureux de la joie de sa fille et malgré un certain trouble, il s’en voulu quelque peu d’avoir rejeter un voisin si attentionné et se promit de faire plus d’effort à leur prochaine rencontre.

Durant un temps, rien d’anormal ne se produisit sinon que Sir William ne leur rendait plus la moindre visite mais peu à peu, le seigneur fut pris de cauchemards la nuit. Sans cesse, il voyait sa fille aux prises avec un énorme animal aux dents comme des lames de sabres et se réveillait en sueur, empli de terreur. Pourtant chaque jour, il voyait Minerve toujours plus heureuse et épanouit que la veille, parlant sans cesse des prouesses et de l’amour immense que lui portait son chat, prénommé GoonGall, en l’honneur de sa joie retrouvée. Lors d’une nouvelle nuit agitée, le père, effrayé comme jamais courrut aux appartements de sa fille avec l'intime conviction d’un danger imminent la menaçant. Lorsqu’il la découvrit hélas il était déjà trop tard. Sir William avait transformé Minerve en smilodon et commis l’irréparable avant de s’enfuir lâchement. De sa belle enfant, le seigneur n’avait plus qu’un félin sauvage au pelage plus blanc que la lune.

Malgré tout, le seigneur garda Minerve avec lui, l’enfermant dans la haute tour et se réservant seul le droit de lui rendre visite. Quelques temps après, elle mit au monde une portée de 12 chatons et 1 fils. Plus gros que la normale et rayonnant d’un attrait curieux, les chatons furent rapidement disséminés aux 4 coins du pays car par amour de son enfant jamais le seigneur ne put se résoudre à les exterminer. Il sont les 12 ancêtres des kneazels actuels, 1 pour chaque mois de l’année passé par Minerve avec Sir William DUNDEE. Son fils pris le nom de Dundee McGoongall et devint le seigneur de la contrée. On entendit plus jamais parler de Sir William mais il est dit que son geste lui valu la colère d’une marraine sorcière de Minerve et que cette dernière le condamna à rester à jamais sous sa forme animal.

Mon père était le descendant direct du seul ancêtre resté avec Minerve et son fils jusqu’à sa mort. Le plus gros et le plus roux des chatons alors mit au monde. Vous comprenez désormais pourquoi les sorciers animagi refusent de nous considérer. Il est je pense assez difficile pour eux de nous considérer comme ce que nous sommes en réalité. Pour en revenir au professeur McGonagall, j’ai la conviction absolue qu’elle est de la famille de Dundee McGoongall et qu’elle ne saurait du coup accepter d’être liée à la descendance reniée de sa famille.




A suivre ...




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